Passionné de photographie, j’ai eu mon premier appareil au lycée, à l’époque des pellicules, des laboratoires sombres et des odeurs de produits de développement. Une période révolue, où les choses devaient être faites lentement et nécessitaient de la patience et du temps. J’en ai conservé la notion de la Valeur du Moment, sorte d’investissement nécessaire, et donc d’importance à accorder à ces quelques centièmes de secondes qui constituent une photo. Aussi infime que soit cette part du flux temporel, cette tranche de temps suspendu, tout doit se trouver à sa place.
Ce moment doit être construit à partir de matériaux bruts offerts par la vie et le temps qui s’écoule sans cesse autour de nous. Chaque déclenchement est une lutte avec soi-même, une remise en question constante qui consiste à faire tenir dans un cadre en 2 dimensions une part d’un monde en 3 dimensions. Mais il s’agit aussi de capturer dans cette infime tranche de temps suffisamment d’histoire et de sens pour qu’une image figée puisse véhiculer une émotion à celui qui l’observe.
J’aime me trouver au milieu de ce “flux”, sentir la ville vibrer au rythme de l’activité humaine et observer les gens dans leur quotidien. La photographie agit comme un révélateur. Derrière l’objectif, le photographe se connecte aux gens pour devenir le confident des petits rien de leur vie, de tous ces instants qui passent inaperçus, perdus à tout jamais à moins qu’on ne les fige pour pouvoir en témoigner et les apprécier.